Hommage à Guy Pervillé, historien de l’Algérie contemporaine

28 janvier 2012
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Le dernier numéro de la revue Cahier d’histoire immédiate (N°40, automne 2011) est entièrement consacré à un hommage à Guy Pervillé, directeur du Groupe de Recherche en Histoire Immédiate (GRHI), qui vient de prendre sa retraite d’Universitaire.

Depuis sa thèse sur « les étudiants algériens de l’Université française, 1880-1962 », publiée une première fois en 1984, Guy Pervillé n’a cessé de travailler sur la colonisation française, en particulier sur l’Algérie. Par ses cours et ses directions de recherche, aux universités de Rouen, Limoges, Bordeaux, Nice puis Toulouse, ainsi que ses nombreux travaux, dont son remarquable ouvrage « Pour une histoire de la guerre d’Algérie » (Picard, 2002), il s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes du conflit algérien. Faisant face à la rude rivalité de mémoires antagonistes, qui obscurcit souvent ce champ historique, Guy Pervillé, d’une honnêteté intellectuelle à toute épreuve, est devenu une autorité, et ses articles et livres, des références. Par son souci constant d’objectivité, par la qualité de ses recherches, il n’a pas seulement fait progresser l’histoire des rapports franco-algériens au XXème siècle, mais a fortement contribué à confirmer ses lettres de noblesse à l’histoire immédiate.

Dans ces conditions, on comprend que nombre de ses collègues et disciples aient souhaité participer au numéro spécial des Cahiers d’histoire immédiate, dont on trouvera le détail du sommaire au bas du présent billet.

En revanche, on ne comprend pas,  et l’on est en droit, avec une partie de la communauté historienne, de s’indigner de la censure dont vient d’être victime Guy Pervillé. Un article sur la fin de la Guerre d’Algérie lui ayant été demandé par les Archives de France, celui-ci a été amputé, lors de sa récente publication, des deux tiers ! On pourra suivre de près cette triste affaire et lire dans son intégralité cet excellent article sur l’année 1962 en se reportant au site de Guy Pervillé (http://guy.perville.free.fr/spip/). Sans polémiquer, on observera que ce « couac » est un bien inquiétant début pour les manifestations scientifiques qui doivent marquer, cette année, les 50 ans de la fin de la Guerre d’Algérie.

 

Jean-François Soulet

28 janvier 2012

 

Sommaire du numéro des Cahiers d’histoire immédiate (N°40, automne 2011) :

 

  • Colette Zytnicki, Quelques éléments sur la fabrique des Pieds Noirs
  • Jacques Cantier, L’histoire saisie par la bande dessinée : la représentation des célébrations du Centenaire dans les Carnets d’Orient de Jacques Ferrandez
  • Hartmut Elsenhans, Réalisme au ralenti ? La guerre d’Algérie et l’évolution de l’opinion publique française, 1955-1960
  • Jean-François Soulet, Sergent engagé en Algérie (mai 1959-avril 1961)
  • Martine Cuttier, Une promotion de Saint-Cyr, en Algérie : la Terre d’Afrique
  • Jeannine Verdès-Leroux, Camus, « l’interlocuteur fraternel » des exilés et des dissidents
  • Gilbert Meynier et Tahar Khalfoune, Algérie-France : destins entremêlés, histoire à partager
  • Pierre Vermeren, Héritages de la guerre d’Algérie, inachèvements démocratiques et gestion des conflits au Maghreb (1962-2010)
  • Eric Savarèse, Retour sur la question des « lois mémorielles ». Les nouvelles politiques de la mémoire.
  • Jean-Charles Jauffret, Djoumoud et taliban : étude comparée
  • Hubert Bonin, La quatrième « expédition d’Egypte » : le retour des entreprises françaises ou la fin du syndrome nassérien
  • Sophie Dulucq, Pour un usage raisonné des « représentations » en histoire culturelle de la colonisation
  • Jacques Frémeaux, Le général Leclerc et l’Afrique (août 1940-avril 1944)
  • Nicolas Ténèze, La doctrine Begin : la réciproque d’une dissuasion réinventée
  • Bertrand Vayssière, L’Union européenne à la recherche d’une politique méditerranéenne
  • Jean-François Sirinelli, La civilisation républicaine dans le second vingtième siècle français : le début de la fin ?

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